TIM BURTON
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TIM BURTON
Alice au pays des merveilles (Alice in Wonderland), Tim Burton, 2010.
C'est en 2010 que Tim Burton a réalisé sa propre version d'Alice au pays des merveilles, produit par Walt Disney Pictures.
Dans son film, Alice n'est plus une enfant mais une jeune femme de 19 ans que sa mère cherche à marier à un jeune lord inintéressant et conformiste. C'est dans ce contexte que l'héroïne retrouve le pays des merveilles qu'elle avait quitté 13 ans plus tôt.
Avant de devenir le célèbre réalisateur que l'on connait, Tim Burton (1958- ) avait auparavant travaillé comme artiste-concepteur aux Studios Walt Disney, de 1976 à 1985. Malgré la ligne de conduite créative oppressante qui régentait le département animation du studio, encore marqué par la mort de Walt Disney survenue en 1966, Tim Burton a tout de même eu la possibilité en 1982 de réaliser deux courts-métrages en noir et blanc : l'un animé, Vincent, l'autre en images réelles, Frankenweenie.
Même s'il n'ont pas été exploités commercialement, ces premiers films marquent l'émergence d'un imaginaire personnel et stylisé qui n'a cessé par la suite de se développer dans ses divers longs-métrages (dix-huit à ce jour).
La poésie macabre et l'humour qui caractérisent la plupart de ses films comme Beetlejuice (1988), Edward aux mains d'argent (Edward Scissorhands, 1990), Big Fish (2003), ou des films d'animation comme L'Etrange Noël de Monsieur Jack (The Nightmare Before Christmas, 1993) et Les Noces funèbres (Corpse Bride, 2005), ont fait de lui un cinéaste mondialement reconnu.
Le fait qu'il ait été investi de l'adaptation « live » du chef-d'oeuvre de Lewis Carroll, aussi étrange que propice à l'imagination la plus débordante, semble tout à fait naturel.
Croquis de la Reine Rouge par Tim Burton, 2009 (travail préparatoire)
Pour cette adaptation dans laquelle les deux œuvres Alice au pays des merveilles et De l'autre côté du miroir sont mêlées, ce sont les producteurs et la scénariste des studios Disney qui ont fait appel au réalisateur, ce qui lui a laissé peu de marge de manœuvre pour développer ses idées originales sur ce projet.
Si les éléments narratifs ont principalement déplu au public de par leur manque d'originalité et de folie : il s'agit surtout d'une quête et d'un combat convenus qu’une errance jubilatoire à la découverte d'un monde décalé, l'univers visuel « live » et virtuel (en 3D au cinéma) laisse davantage place à l'imaginaire « burtonien », mis également au service des personnages plus extravagants et étranges que jamais.
Même si la robe bleue et les cheveux blonds d'Alice ont été conservés dans ce film, elle n'est pourtant plus la petite fille contemplatrice dépeinte par le dessin animé Disney.
Alice est désormais une femme volontaire, qui avant de parvenir à prendre sa vie en main dans le monde réel, fait preuve d'héroïsme au pays des merveilles en combattant le Jabberwock (créature issue d'un des plus célèbres poèmes de Lewis Carroll, présent dans De l'autre côté du miroir), « champion » de la Reine Rouge lors de la bataille finale du film.
Malgré les quelques libertés prises volontairement avec la narration de Lewis Carroll, Tim Burton réussit à rendre ce mélange de noirceur, de lumière et d’étrangeté présent dans le texte de l’écrivain anglais, tout particulièrement en montrant comment Alice accomplit un voyage très personnel au pays des rêves.
Extrait de la rencontre entre Alice et la Reine Rouge