0

L'analyse

 

La Fable est la troisième du Livre I. Comme nous l’avons déjà précisé dans la biographie consacrée à Jean de La Fontaine, ce texte est une collation de textes anciens, traduits et largement remaniés par l’auteur. On peut qualifier cette fable de réécriture. Ses sources d’inspiration sont nombreuses :


- Horace, Satires, II, 2, v. 314-320, pour le dialogue ;


- Phèdre, Fables, I, 24, pour le récit ;


- Martial, Épigrammes, X, 79, v. 9-10, pour la moralité ;

 

Elle se compose de trois parties. Elle débute par une scène d’exposition, la Grenouille voit le Bœuf ; puis vient l’élément perturbateur, elle décide de se faire plus grosse que lui, sa tentative est illustrée par le dialogue ; la conclusion, évidente, s’accompagne de la morale.
Seul deux des trois personnage de ce récit sont personnifiés, le Bœuf ne participe pas au dialogue, il en constitue la toile de fond. La morale, évidente, met en garde contre la vanité excessive de la Grenouille qui veut se voir aussi grosse qu'un bœuf, but inatteignable par essence.

La Fable a été illustrée de nombreuses fois, elle appartient aux grands "classiques" de la littérature enfantine et scolaire depuis le XIXe siècle. Les illustrations évoluent beaucoup au fil du temps, d'abord naïves, elles deviennent de vrai caricatures de leurs temps et des comportements qu'elles dénoncent.  

 

 

Texte de la première édition

 

Une Grenouille vid un Bœuf,
        Qui lui sembla de belle taille.
Elle qui n'estoit pas grosse en tout comme un œuf,
Envieuse s'estend, & s'enfle, & se travaille,
        Pour égaler l'animal en grosseur ;
           Disant, Regardez bien, ma sœur,
Est-ce assez ? dites-moy : N'y suis-je point encore ?
Nenny. M'y voicy donc ? Point du tout. M'y voilà ?
Vous n'en approchez point. La chetive pecore
S'enfla si bien qu'elle creva.
Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sa
   -ges :
 Tout Bourgeois veut bastir comme les grands
   Seigneurs ;
 Tout petit Prince a des Ambassadeurs ;
      Tout Marquis veut avoir des Pages.

Texte Moderne

 

Une Grenouille vit un Bœuf
Qui lui sembla de belle taille.
Elle qui n'était pas grosse en tout comme un œuf,
Envieuse s'étend, et s'enfle, et se travaille
Pour égaler l'animal en grosseur,
Disant : « Regardez bien, ma sœur,
Est-ce assez ? dites-moi : n'y suis-je point encore ?
 - Nenni. - M'y voici donc ? - Point du tout. - M'y
                                                                      [voilà?
Vous n'en approchez point. La chétive Pécore
S'enfla si bien qu'elle creva.
Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages:
Tout Bourgeois veut bâtir comme les grands Seigneurs,
Tout petit Prince a des Ambassadeurs,
Tout Marquis veut avoir des Pages.

 

Le Texte

 

Dans la mesure des possibilités offertes par les textes numériques, la typographie, la ponctuation, les retraits et l’orthographe ont été conservés. La première lettre du texte de la première édition est une lettre ornée, suivie d’un « n » en lettre capitale.

La Grenouille qui se veut aussi grosse que le Boeuf